Quel est votre rôle au travail?
Quel est votre rôle? Un rôle de composition, un type cast (sur mesure), un rôle de soutien?
J’ai un malin plaisir à faire des analogies entre le monde du théâtre et le monde du travail.
C’est incroyable la quantité de similitudes qu’on retrouve et de liens qu’on peut tisser!
Parlons juste du rôle que chacun a à jouer sur scène pour l’acteur ou dans son milieu travail pour le travailleur.
Parlez-moi de votre rôle. Pouvez-vous le décrire aisément? Avez-vous de la facilité à le tenir? Est-ce un rôle que vous connaissez sans le connaître (que l’on joue les deux doigts dans le nez) ou que vous devez prendre le temps d’apprivoiser, de découvrir, de comprendre, de connaître (qui vous donne du fil à retordre) ?
Est-ce que votre rôle vous plait? Représente t’il un défi? Est-il mystérieux? Est-il dangereux?
Est-t’il au delà de vos compétences? C’est à dire que la charge de travail que vous avez à accomplir est trop lourde pour les effectifs dont vous bénéficiez ou pour votre capacité à gérer.
Le super héros
Il y a des situations ou le rôle que l’on a à jouer est comparable à celui d’un super héros. Où l’on doit déployer des habiletés insoupçonnées, des capacités extraordinaires. Prenons un exemple de la dramaturgie: Aggripine dans Britannicus de Racine, qui rencontre son fils Néron: 3 pages complètes de monologue en alexandrins, c’est un monstre de personnage, un casse-gueule assuré, un rôle qui s’inscrit dans une tragédie, un défi à la fois technique et émotif offert aux plus grandes actrices et encore, elles savent très bien qu’elles s’embarquent dans une aventure risquée!
On pourrait le comparer au rôle qu’a joué André Caillé pendant la crise du verglas. Il s’est retrouvé dans cette situation tragique bien malgré lui… Il a relevé le défi honorablement. Personne n’aurait voulu être dans ses baskets, non? Ou pensons à la mairesse de Mégantic, Colette Roy-Laroche lors de la catastrophe… Pensez-y. Auriez-vous aimé être à sa place?
Ces deux exemples démontrent bien ce que doivent arriver à vivre, soir après soir, les acteurs qui jouent des tragédies. Mais lorsque l’on parle d’une situation réelle, l’enjeu est plus dramatique qu’une tragédie de Racine. On parle de la vraie vie…
Quelle est votre ambition?
Je vous pose la question: auriez-vous aimé jouer leur rôle lors de ces drames? Si votre réponse est non, vous comprenez la gravité des situations que ces êtres humains ont eu à gérer. Si votre réponse est oui, vous êtes audacieux, intrépide, irrévérencieux, fier, assoiffé de pouvoir ou de grand défi! Pourquoi pas? Il nous en faut des visionnaires qui n’ont pas peur des défis les plus grands!
Selon les fonctions que l’on nous donne, notre rôle deviendra un défi plus ou moins grand.
Êtes-vous prêt à la critique de votre rôle?
Il est important de se poser ces quelques questions à l’occasion:
1- Est-ce que je joue mon rôle correctement?
À cette question, on peut décider d’y répondre par soi-même mais, il y a un certain danger de manquer de recul face à sa propre performance… Je suggère de demander à votre entourage pour avoir une meilleure évaluation.
2- Est-ce que j’ai la bonne technique pour jouer ce rôle?
Si je suis metteur en scène et que je décide d’user de mon pouvoir pour intimider mes acteurs, il est possible qu’ils se rebellent pour faire valoir leur désaccord. C’est comme le gestionnaire qui croit que diviser pour régner, c’est la solution. Entre vous et moi, ce n’est pas la bonne technique…
3- Est-ce que je me sens à l’aise avec les défis que l’on me donne?
Vous vous sentez dépassés par vos tâches ou vous avez du plaisir à les remplir? Vous faites de l’anxiété quand dimanche soir arrive ou vous êtes excités à recommencer votre semaine? Vous êtes capable de voir l’issu dans votre projet ou tout est embrouillé?
Faire semblant
Quand j’avais 20 ans, j’étais à l’école de théâtre, j’ai eu à jouer une femme de 45 ans qui avait subi un viol et qui venait de tout perdre dans un incendie… Je ne savais pas comment jouer ça, j’étais beaucoup trop jeune et je ne me sentais absolument pas crédible!! La seule avenue que j’avais pour réussir ce défi était d’y croire! Et de faire semblant!
C’est du théâtre, du jeu, j’ai le droit!!
On souhaite que le rôle qu’on nous attribue comme acteur ou comme employé, directeur, gestionnaire, cadre, soit à notre mesure. Parfois, on maitrise certains éléments mais pas tous… Alors, on doit composer, c’est à dire qu’on doit assumer des responsabilités qui nous donne le vertige, devant lesquelles on se sent démunis comme moi devant cette femme qui avait une expérience de vie que je n’avais pas du tout… On doit « faire comme si ». On joue notre rôle de notre mieux en espérant que notre malaise ne paraisse pas trop, en étant le plus authentique et confiant possible. Parfois, on sera super performant. D’autres fois, on sera mauvais… La bonne nouvelle c’est qu’au théâtre comme dans la vie, il y a toujours une place pour l’amélioration. Et la perfection n’existe pas. (soupir de soulagement!)
À vous de jouer!
Pourquoi dans votre rôle au travail n’auriez vous pas le droit de « jouer » comme si vous étiez un acteur pas sur scène mais au bureau? Jouer votre rôle de gestionnaire, de cadre, d’employé?
Peut-être qu’en regardant les situations que vous vivez, il pourrait y avoir des espaces de possibilité vous permettant d’explorer des façons de jouer votre rôle différemment et ainsi sortir de votre zone de confort! Oserez-vous relever le défi?
En terminant, je n’ai qu’une chose à dire et c’est le mot de Cambronne: Merde! ;-))