Donner le temps au doute
En juillet 2020, je publiais un texte intitulé « Je veux ou je dois » qui traitait du fait que la pandémie nous a permise de prendre du recul pour mettre en lumière nos besoins réels versus ceux qui nous sont imposés. C’était un genre de cri du coeur pour s’affirmer devant les obligations démesurés que certains nous imposaient ou que l’on s’impose à soi même.
En octobre 2021, je publiais un texte nommé: « Comment se porte ta motivation? ». Ce texte met la lumière sur les trois piliers de la motivation intrinsèque. Lorsque les 3 besoins de base de la motivation intrinsèque ne sont pas comblés, l’individu se désengage lentement mais surement de ce qu’il a à faire.
Je suis fière de découvrir que mes réflexions ne sont pas complètement déconnectées! En effet, je lis actuellement le livre « Libérer la motivation » de Jacques Forest, Anja Van den Broeck, Hermina Van Coillier et Marcus B. Mueller sur les sources de la motivation.
Dans cet ouvrage, il est clairement expliqué que tout ce qui est en lien avec la motivation extrinsèque peut être un levier de motivation momentané mais il est certain que dans un avenir rapproché, l’élan perdra de la vitesse et la motivation s’en trouvera affectée. En d’autres termes, offrir une augmentation de salaire est une bonne façon de garder son employé, mais ce ne sera pas suffisant pour le retenir en poste sur une longue période si rien d’autre n’est mis en place pour soutenir sa motivation intrinsèque.
Alors, quand on a plus de motivation intrinsèque… ça ne va pas bien. Ça vous est déjà arrivé?
En toute transparence, l’hiver dernier j’ai traversé un épisode vraiment difficile. Je ne voyais plus l’intérêt de m’investir dans mon entreprise. De plus, les activités étaient au ralenties, j’avais tout le loisir de m’épandre sur mon désintérêt.
Évidemment, cet étrange état me bouleversait. « Qu’est-ce que j’ai? » « Qu’est-ce que je vais faire si je ne fais plus de coaching ou de formation ?» Je mettais mon désarroi sur le dos de la ménopause et sincèrement, je crois qu’elle y était pour beaucoup… Je me disais aussi: « On est tous en choc post-traumatique de la pandémie! On est tous épuisé, on sait plus comment trouver la motivation! » Peu importe d’où venait mon malaise, j’étais réellement bien mal en point… Et je n’arrivais pas à remonter la pente… Et je trouvais que c’était bien long!
Cet article dit que « la perte d’intérêt pour quelque chose ou quelqu’un peut entraîner de la culpabilité, de la frustration et une grande indécision quant à la façon d’agir. Il est donc recommandé de se renseigner sur l’origine de ce désintérêt afin de prendre les décisions appropriées. »
Ce que je fis. Ben, je ne me suis pas renseigné sur l’origine de mon désintérêt, j’ai plutôt décidé de faire un virage à 180 degrés, de me trouver une job steady! Pour vrai! Je n’ai jamais eu de job steady de ma vie…
Ça été un long processus qui s’est échelonnée du printemps jusqu’au milieu de l’été. C’était une vraie démarche pour un vrai travail qui aurait fait appel à toutes mes compétences. Pendant un moment, je me disais que c’était la job de rêve! Mais en même temps, ô que je doutais de mes choix… Rien n’était clair dans cette démarche. Je pesais les avantages et les inconvénients de chacune des options et rien ne ressortait comme étant LA décision à prendre. J’ai donc décider de prendre mon temps.
Un moment donné, j’ai dû prendre ma décision finale. Alors, un argument massue s’est imposé: pour faire ce travail, je devais mettre la clé dans la porte de mon entreprise, Hémisphère Formation. Et j’ai réalisé que poser ce geste me fendait le coeur! Ce n’était lié qu’à une émotion, mais quelle émotion! Je devais dire au revoir à presque 10 ans de développement, de travail acharné, de rencontres précieuses, de succès, de recherches, d’études… et de passion. Oui, la période actuelle était challengeante pour moi, je doutais de ma capacité à poursuivre mes activités, mais la passion avait son mot à dire!
Quand je me suis finalement avouée que je ne voulais pas abandonner mon entreprise, tout est devenu clair. J’ai retrouvé un élan de joie incroyable!
Soudain, je retrouvé mon pouvoir d’agir et l’énergie de la bâtisseuse!
Je sais qu’être à mon compte demande un engagement de tous les instants et qu’il y a des passages avides. Mais, c’est mon choix et je l’aime. Et « renouveler mes voeux » envers mon entreprise m’a procuré une immense joie car cette décision a été prise en toute connaissance de cause.
Quelle chance nous avons de vivre dans un monde où on a le droit de faire des choix qui sont respectés! Un monde dans lequel on peut écouter notre petite voix intérieure et faire à notre tête sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit!
On vit dans un monde où le « je veux » a le droit d’exister et dans lequel le « je dois » n’est pas imposé comme dans un système communiste ou dictatorial.
Nous sommes tellement privilégiés!
J’ai retrouvé mon élan et mon X. J’ai retrouvé le sens. Mais j’ai pris le temps d’être dans le doute pour aller au bout de cette démarche difficile.
Et, est-ce un adon, mon automne est absolument formidable! Des magnifiques mandats avec des gens engagés.
Je suis reconnaissante d’avoir traversé cet épisode difficile. Il m’a permis de me questionner et de me positionner face à ce que je veux faire de ma vie. C’est pas rien! Aujourd’hui, c’est clair, il n’y a plus de doute dans ma mission. Et mes mandats sont colorés de cet enthousiasme que je partage avec les participants!