La culture de l’instantané
Depuis quelques semaines, je me suis mise à lire le journal Le Devoir la fin de semaine. Pour toutes sortes de raisons, principalement pour m’informer mais aussi, pour m’inspirer par une langue recherchée, des textes étoffés et sans faute d’orthographe…
J’ai compris que mon élan venait de ma préoccupation de la « culture de l’instantané » que nous subissons tous actuellement à plusieurs niveaux et complètement contre notre gré.
Nous sommes victimes de la culture de l’instantané. Nous sommes bombardés de nouvelles et ne savons pas toujours reconnaître le vrai du faux.
Nous sommes aussi bombardés de publicités sur nos réseaux (dans mon cas, ce sont toujours des pubs reliées aux stratégies pour perdre du poids…) qui finissent par avoir un impact sur notre vision de la vie. Veux, veux pas, cette gestion de l’information a des impacts sur notre productivité. Pour ma part, j’ai plus de difficulté à me concentrer dans ce que j’ai à faire (la ménopause n’aide pas…). Lire un livre, par exemple.
Difficile de se déconnecter ou plutôt de se désintoxiquer de toute cette « malbouffe » faussement intellectuelle. Il nous faut être vigilant sur ce qu’on consomme… On devient alors hyper vigilant et c’est épuisant! L’hyper vigilance, ça use.
Être toujours en train de vérifier les sources, de remettre en question, d’évaluer les propos de l’un et les agissements de l’autre devient lourd à la longue…
Nos jeunes Z dans tout ça…
Je me penche beaucoup sur la vie que mènent les jeunes de la génération Z dont font d’ailleurs partie mes enfants. Mes humbles recherches et mon réel intérêt me permettent de conclure que nos jeunes sont mal partis dans la vie. Sans vouloir sonner dramatique, je trouve qu’ils portent en eux, à différents niveaux, de l’anxiété face à la vie, anxiété que nous n’avions pas du tout lorsque nous avions le même âge bien que nous avions nos enjeux nous aussi, évidemment.
Les Z évoluent depuis très jeunes dans la « culture de l’instantané » en étant continuellement sollicités. Ils subissent une quasi obligation de répondre immédiatement à toutes les notifications qu’ils reçoivent à longueur de journée… et de nuit!
J’ai entendu une entrevue entre Simon Sinek et un Z. Le jeune Z disait: « je ne sais pas comment définir ce qui est prioritaire de ce qui ne l’est pas tellement j’ai de notifications! ». Alors, que ce soit une publicité d’Amazon, un message d’appel au secours, une notification Tik Tok, un texto d’un parent concernant une invitation ou une vidéo Youtube, pour un Z, tout a LA MÊME VALEUR.
Et je me demande, est-ce que cette culture de l’instantané nous influence à avoir des idées fermées sur certains sujets, nous incite à nous radicaliser et à finir par polariser le discours d’un côté ou de l’autre?
Comment rester ouvert sur certains sujets lorsque l’on trouve ça exagéré? Lorsqu’on est complètement en désaccord?
Par exemple, un ami me disait qu’au théâtre, il n’est plus convenable de dire « noir » lorsque l’on veut que l’éclairage s’éteigne à la fin d’un numéro ou du spectacle. Il faudrait dorénavant dire « pénombre ». Comment ça se fait que l’utilisation du mot noir (qui est à l’origine une couleur) devient offensant pour les personnes de couleur au point qu’il faille changer une convention qui n’a rien à voir avec qui que ce soit et qui est utilisé depuis toujours? Que veut dire cette sensibilité épidermique soudaine de certaines personnes?
Alors, pour éviter de froisser autrui, on finit par se taire et s’engourdir à regarder des vidéos de chats sur les réseaux. On devient de plus en plus éteint, distant, désengagé…
Ça me préoccupe.
C’est pourquoi j’ai besoin, je crois, de m’imprégner de textes avec de la profondeur et ayant une grande rigueur telle qu’exigé par un journal de la trempe du Devoir. Pour moi, c’est rassurant et apaisant.
Et toi, comment gères-tu la culture de l’instantané?
C’est l’été. C’est l’occasion de profiter des belles journées qui nous sont offertes. De sortir dehors, de jouer dans la terre de notre potager. Et de prendre un peu de distance face à cette culture de l’instantané.
Bon début d’été!