Quand on prend parole en public, croyez-vous qu’il est important de savoir à qui l’on adresse?
À qui je m’adresse? Ben, c’est évident!
On a tous dans notre vie eu au moins un professeur qui nous donnait l’impression de s’écouter parler. Comme s’il faisait un long monologue pour lui-même. Il partait la cassette et comptait nous remplir le crâne d’informations très essentielles et très profondes. En fait, il venait plutôt « puncher » et il réussissait à merveille : il nous « punchait » tellement fort qu’on s’endormait systématiquement pendant son cours. Je pense entre autre à un professeur que j’ai eu à l’université…
Pourtant, il y a d’autres professeurs qui, avec la même matière à enseigner, ont ce don de nous transporter dans un univers captivant qui nous accroche tellement qu’on oublie le temps qui passe et on est presque déçu quand le cours se termine.
Ces professeurs ont compris à qui ils s’adressent, qui est leur public.
On ne s’adresse pas de la même manière à des étudiants de première année d’université qu’à des présidents d’entreprise.
Vous me direz : « Euh… c’t’évident ! » Pas nécessairement…
Vous avez une responsabilité d’orateur
Prenons un exemple. Disons que je fais la même conférence à plusieurs endroits différents. Le sujet de ma conférence est « La mobilisation au travail ».
La première fois que je la donne, c’est devant un groupe d’intervenantes en petite enfance. Ce groupe, à majorité féminine, est ouvert et intéressé par mes propos car il y a une complicité entre les membres de cette équipe. Pour elles, mes propos sont tout à fait indiqués dans ce qu’elles vivent au quotidien et elles boivent mes paroles car elles les trouvent inspirantes. C’est formidable !
La deuxième fois que je présente c’est devant un groupe de travailleurs d’une entreprise qui vit actuellement un conflit à l’interne. Il se trouve que le gestionnaire qui m’a engagée a remercié 4 employés la semaine passée pour des raisons nébuleuses… Il y a depuis des retards dans la production à cause du manque d’effectifs et des réajustements à faire. Les employés sont fatigués et frustrés de la situation non- désirée.
On comprend que les deux exemples proposent deux situations diamétralement opposées.
Vous devez être prêt à « affronter » tous genres de public
Si je ne pose pas de questions aux gestionnaires qui me reçoivent dans leur milieu de travail et que je me présente sans connaître un peu à qui je vais m’adresser, il se pourrait que je sois reçue avec animosité. Cette énergie peut me déstabiliser au point de me faire perdre ma concentration et finir par me faire perdre le fil de mes idées. Alors, je me mettrai à me poser tout plein de questions qui iront de : « Est-ce que ce que je dis est inintéressant ? » à « Coudonc, est-ce que j’ai du persil pris dans les dents ? » et ainsi de suite dans la paranoïa.
Pourtant, ce qui arrive au deuxième groupe de travailleurs n’a absolument rien à voir avec moi.
Si j’avais su que ces travailleurs étaient un peu écorchés par une situation dans laquelle ils n’ont pas de pouvoir, j’aurais pu comprendre qu’entendre parler de « mobilisation au travail » était vraiment le dernier de leur intérêt en ce moment. Même que j’aurais pu modifier mes propos pour les adapter à la situation et tenter d’amadouer les gens avec de l’empathie.
Êtes vous en mesure de créer le contact avec le public ?
Faire une bonne présentation orale, c’est être en mesure de :
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Captiver son public.
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Intéresser son public.
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Séduire son public.
Mon public n’est pas intéressé par des connaissances pointues sur un sujet qui ne le concerne pas. J’ai beau être la plus érudit sur un sujet, mon public ne m’écoutera pas s’il n’y voit pas d’intérêt. Alors, j’aurai l’air de m’écouter comme mon prof. d’université…
Comme dit le dicton : « Le client à toujours raison », ici on pourrait dire : « Le public a toujours raison ! »
C’est le public qui m’accorde ou non son attention.
C’est le public qui décide s’il me donne de la crédibilité ou non.
Il faut faire très attention à son public. C’est pour lui qu’on prend parole. D’où l’importance de savoir à qui l’on s’adresse. On a la mission d’établir le contact et surtout, de le garder.
Qu’en pensez-vous ?