Se donner, trop c’est comme pas assez!
On demande aux employés d’être performants, assidus, engagés, d’avoir l’entreprise tatouée sur le coeur.
Il y en a qui seront toujours désintéressés et désengagés, qui ne sont pas heureux au travail pour toutes sortes de raisons. Qui attendent leur retraite. Qui font du présentéisme. Qui font leur temps.
Mais… il y en a et c’est la plupart des gens que je rencontre, qui désirent faire une différence dans l’organisation, qui veulent bien faire leur travail, qui croient au projet, qui s’engagent totalement dans ce qu’ils font, avec dévouement et passion. Et ce, toutes générations confondues. Oui, oui, il y a des milléniaux engagés passionnément qui désirent rester dans l’organisation plusieurs années! Mais ça, c’est un autre dossier…
Des employés « machines »
Ces êtres de coeur sont précieux. Ce sont de bons soldats, loyaux et fiables. Ils s’approprient la mission de l’entreprise, la font leur, s’y consacrent totalement, autant physiquement que moralement.
Parfois trop…
Des gens heureux de faire parti de la réalisation du projet, qui ressentent la fierté de contribuer à sa réussite. Qui s’émancipent professionnellement à travers celui-ci. Qui embrassent la vision du créateur et en deviennent les ambassadeurs.
Ce sont des travailleurs qu’ils faut avoir à l’oeil non pas pour leur en demander davantage, plutôt pour les arrêter de temps en temps. Ces travailleurs aiment tellement ce qu’ils font qu’ils peuvent s’oublier dans le travail. Ils ne regardent pas les heures qu’ils font. Ils ne sentent pas la fatigue, l’usure monter en eux. Ils ne sentent pas le surmenage…
Ils mettent beaucoup de pression sur leurs épaules. Parfois, ce n’est même pas le dirigeant qui impose cette pression, c’est l’employé lui-même. Il se réveille à 3 heures du matin pour répondre aux couriels et compléter des rapports, fait du sur-temps pour compléter des dossiers, reste flexible pour les clients outre mer, fait des heures de route de nuit pour aller rencontrer d’autres clients, ingurgite sur un coin de table ou dans l’auto des TV diner ou de la restauration rapide. Il s’épuise sans s’en rendre compte… Carbure au Redbull et autres substances énergisantes, prend parfois des somnifères pour dormir quelques heures… Plusieurs font de l’anxiété de performance mais ne l’admettront pas. Ils font croire à eux-même et à leur entourage que: « Y’en a pas de problème, tout est beau, je pète le feu! J’dormirai quand je serai mort! »
À qui la responsabilité?
Ces travailleurs, il faut les obliger à aller en vacances. C’est difficile parce qu’ils aiment ce qu’ils font, et ce, passionnément. Ils n’ont même pas le goût de s’arrêter!
Il faut leur enlever cellulaire et ordinateur d’entreprise quand ils partent la fin de semaine. Il faut parfois bloquer leurs accès à la plate forme de l’organisation pour les obliger à couper avec le travail afin de se reposer. Vous me direz: « j’en ai tellement à gérer, je ne commencerai pas en plus à m’occuper de chaque employé pour qu’il apprenne à arrêter! »
Là est toute la question.
Vous avez évidemment besoin de ces bons soldats mais s’ils s’épuisent, vous ne serez pas plus avancé…
Vous aurez raison de dire « on engage des gens adultes et vaccinés, on s’attend à ce qu’ils connaissent leurs limites et qu’ils prennent soin d’eux.» Ce n’est pas toujours le cas… Ce type de personne tellement engagée a de la difficulté à connaître ses propres limites et à les faire valoir. Ce n’est que lors d’un accident (physique ou mental) que soudainement, elle réalise qu’elle est allée trop loin… Parfois, c’est fatal.
Faire un peu d’éducation…
Il faut inciter ces personnes à prendre soin d’eux, en fait, il faut les éduquer car ça ne fait pas partie de leurs intérêts ni de leurs préoccupations. Il faut les inviter à changer d’air pour se renouveler, prendre du recul, vibrer à autre chose, s’occuper d’eux-mêmes et de leur famille, découvrir ou nourrir d’autres passions… Pour être autre chose qu’un travailleur.
Pour un dirigeant, ces alliés sont des bénédictions sur deux pattes! Il sait qu’il peut compter sur l’engagement indéfectible de ces employés « machines ». Difficile de les obliger à se donner du temps quand lui même ne s’en donne pas et qu’il a besoin d’eux pour leur expertise. Il sait qu’il peut leur déléguer des tâches et qu’il peut leur faire confiance, que le travail sera fait.
Mais trop se donner c’est comme pas assez se donner.
Ces travailleurs précieux sont sujet au burn out. À la dépression. Au suicide.
Que fera le dirigeant s’il perd ses talents pour ces raisons?
Il faut établir des politiques fermes d’entreprise pour éviter ce genre de situations catastrophes. Et il faut le faire AVANT qu’une mésaventure ne survienne…
Quelles sont vos politiques de prévention de l’épuisement ?